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              CHRONIQUK DK DÉCKMBRK 1898                   59

Conservatoire idéal que Paris nous enviera. Pendant ce
temps La Martinière verra disparaître ses rues tortueuses et
nauséabondes ; et la rue Moncey, transformée en Canne-
bière, par un alignement aussi correct que monotone,
offrira à ses promeneurs une perspective, — rien de la
fameuse promenade de Saint-Pétersbourg, —qui permettra
de braquer une jumelle de la place du Pont jusqu'au clocher
de Vaulx-en-Ve!in. Voilà le Lyon de l'avenir!
   Enfin, pour achever de rendre Lyon plus méconnaissable
à la génération ancienne, ne veut-on pas encore, — c'est
une maladie chronique qui frappe nos conseillers à chaque
renouvellement de mandat, — débaptiser nos vieilles rues
pour les accommoderau goût du jour? Le 13 décembre, le
Conseil municipal était appelé à choisir pour Puvis de
Chavannes une rue digne de son grand génie et on ne
songeait à rien moins qu'à offrir au peintre du Bois sacré
cher aux Muses, la rue Neuve, qui n'a rien assurément du
recueillement ni de la poésie qui savaient si divinement
inspirer l'illustre maître. Sans doute voulait-on réunir
dans une commune pensée Puvis avec Meissonier et
Chenavard déjà gratifiés de leur rue et de leur place dans
le même quartier ; ils eussent pu voisiner ainsi avec plus
de facilité et sans déplacement coûteux.
   Il convient d'ajouter aussi qu'on s'occupe bien peu à
l'Hôtel de Ville des vieux souvenirs de notre histoire. On
voulait, il n'y a pas encore longtemps, biffer les noms des
rues Centrale, Ferrandière, de l'Arbre-Sec, du Bât-d'Argent,
comme on a biffé celui de la rue Luizerne ? Ne faut-il pas des
plaques aux nullités encombrantes, aux illustrations obscures
qui surgissent en foule de nos assemblées radicales ? Les
bons Lyonnais, tous ceux qui ont le culte du passé et le
respect de nos traditions, veillaient heureusement et ont