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252                   UN EPISODE LYONNAIS

Mais il paraît que les couplets les mieux réussis étaient ceux
d'une espèce de complainte à la Malbroug, dont le prince
d'Orange et ses mésaventures avaient fourni les rimes sati-
riques.
   Ces chants populaires donnèrent lieu à un incident qui
vaut la peine d'être rapporté, parce qu'il attira l'attention et
même l'intervention personnelle de Charles VII.
   Quelques jeunes gens, — des soldats de Grôlée peut-
être, revenus avec lui de la campagne du Dauphiné, —
firent retentir un soir si bruyamment les rues du quartier
Saint-Jean des refrains à la mode, que la police archiépis-
copale s'en offusqua. Croyant de son devoir de faire res-
pecter le sommeil de Messieurs de Lyon, un agent trop zélé
dressa contre la bande joyeuse ce que nous appellerions un
procès-verbal de contravention pour tapage nocturne.
Informé de cette aventure, le monarque, malgré tous ses
soucis, trouva le temps d'écrire aux officiers de l'arche-
vêque qu'il leur faisait « défense expresse de mettre par
amende les habitants de Lyon à cause de la chanson du
prince d'Orange. » Charles se réjouissait trop de la victoire
d'Anthon pour ne pas prendre sous sa protection des gens
qui n'étaient coupables que de faire comme lui (22).
   Ce qui témoigne, mieux encore que ce petit fait, de
la satisfaction qu'il éprouva du succès de ses armes en
Dauphiné, ce sont les faveurs extraordinaires dont furent
comblés ceux auxquels il en était redevable (23)< Aux


  (22) Périeaud. Documents, 17 juillet 1431.
  (23) Le roi fit don à Rodrigue de Villandrando, du château de
Pusignan, qui avait été confisqué sur la dame de la Balrae, reconnue
coupable de félonie. Poncet. Essai hisl. sur la baronnie d'Anthon,
p. 56. Le sire de Gaucourt fut élevé à la dignité de premier chambellan