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                           DE SAVIGNY                           157
Lorsque, après la confiscation des biens du clergé, la
commune fut constituée la gardienne des bâtiments et des
riches domaines de l'abbaye, on pouvait prévoir, à coup
sûr, de la part de ses habitants, un débordement de con-
voitises et des tentatives de pillage sur ces biens dont ils
avaient été si longtemps les tributaires.
   Le 2 novembre 1789, l'Assemblée nationale décréta que
les biens ecclésiastiques seraient mis à la disposition de la
Nation, et le 15 juillet 1790, que les biens nationaux pour-
raient être aliénés. La grande église de l'abbaye de Savigny
et ses dépendances ne furent adjugés que le 28 brumaire
an IV, au citoyen Gallon, au prix de 1,800,000 livres,
valeur en assignats (1). On a peine à comprendre un prix
aussi élevé, même payable en assignats, si l'on parcourt le
registre de la municipalité où l'on peut suivre jour par
jour, pendant cinq années, la dévastation organisée des pro-
priétés, la démolition pierre par pierre des bâtiments de
l'abbaye. Les délibérations de la municipalité ne sont pour
ainsi dire que la constatation des dégâts commis journelle-
ment par les habitants du pays, qui venaient y prendre,
comme à une carrière, le bois, les pierres et autres maté-
riaux dont ils avaient besoin pour construire ou réparer
leurs demeures. Avec un soin minutieux, les officiers muni-
cipaux dressaient procès-verbal contre les pillards et les
dénonçaient aux administrateurs du district de la Campagne
 de Lyon, qui, eux, se gardaient bien de poursuivre les
coupables (2).

   (1) Arch. du département. Procès-verbaux d'adjudication des biens
nationaux. Cart. 51.
   (2) Le 28 décembre 1791, le Directoire du département instruit que
plusieurs monuments publics avaient été détruits ou mutilés publia un