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134                  UN EPISODE LYONNAIS

seins, il osa jeter les yeux sur les riches pays du Lyonnais
et du Dauphiné comme sur le lot qui lui revenait natu-
rellement dans le grand partage dont les opérations
allaient commencer ( i ) . Le Dauphiné, pensait-il, servirait
fort à propos de trait d'union entre sa principauté d'Orange
et les vastes domaines qu'il possédait dans toute la longueur
du Jura. Quant à la ville de Lyon, c'était la capitale indi-
quée du véritable royaume dont il se voyait déjà le sou-
verain.
   De tout temps les iniquités qui se préparent ont aimé à se
dissimuler sous quelque dehors de légalité. Pour com-
mencer son implantation en Dauphiné, Louis de Châlon
ne dédaigna pas, tout prince qu'il était, de recourir au
méchant expédient de procureur que voici.
   A la bataille de Verneuil avait succombé, entre autres
braves gentilshommes, le seigneur Bertrand de Saluces,
possesseur des terres dauphinoises d'Anthon, de Colombier
et de Saint-Romain. Bertrand ne laissait aucun descendant
pour recueillir ses fiefs ; mais, en vertu de testaments en
bonne forme, sa succession revenait incontestablement à
son neveu ou cousin, le jeune marquis Louis de Saluces.
Le prince d'Orange imagina de se faire céder par une faible
femme, Anne de Maurienne, veuve de Bertrand, tous les
droits qu'elle n'avait pas sur l'héritage dauphinois de son
mari. Il se trouva, paraît-il, un homme d'affaires peu scru-
puleux, mais qui n'oublia pas de se faire payer, pour dresser


   (i) Aymar du Rivail. De Allobrogibus libri novem. — Et quum
Ludovicus de Cabilone, princeps auraicensis, Franciam titubare et ab
Auglis et aliis hostibus occupatam esse viderat, considerans etiam quod
apud Vernolium Delphinates sternui et bellicosi mortem obiverunt...
in Delphinatum conspiravit et ipsum occupare proposuit, etc.