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Clé                UNE MAISON LYONNAISE

 tents-de-la-Croix. Cette maison, occupée aujourd'hui par
 la Société lyonnaise des Magasins généraux, n'a que deux
 étages. Elle a l'aspect d'un charmant hôtel particulier, bien
proportionné, percé de larges baies.
    J'ai eu la curiosité de rechercher l'histoire de cet
immeuble dont j'avais remarqué la construction un jour
que je parcourais le beau quai du Rhône, si aéré, et les
rues avoisinantes, garnies de superbes maisons où, pendant
la première moitié du dix-neuvième siècle, habitait la riche
bourgeoisie, par opposition avec le quartier de Bellecour où
l'aristocratie se cantonnait. Je viens vous raconter ce que
j'ai appris.
    Laissez-moi vous dire tout d'abord que cette construc-
tion date de 1776, qu'elle a été exécutée sur les plans de
l'architecte Decrénice, le même auquel on doit l'immeuble
monumental qui forme le côté ouest de la cour de l'arche-
vêché. Decrénice est mort sur l'échafaud en 1793.
    L'emplacement sur lequel est bâti notre hôtel (donnons-
lui ce titre bien mérité) faisait partie, au dix-huitième
siècle, des jardins appartenant aux Dames de Saint-Pierre.
Ces jardins s'étendaient de la montée Saint-Sébastien au
Rhône. En 1742, Mme Anne de Melun, abbesse de Saint-
Pierre, vendit ce vaste tènement à une Société formée par
SoufHot, Milanois et Munet dans le but de constituer le
quartier'Saint-Clair et d'y construire un quai là où étaient
le fort Saint-Clair et le bastion Saint-Clair. Le terrain
acheté fut ensuite partagé : Soufflot eut la partie nord qu'il
subdivisa en parcelles, perpendiculaires au fleuve, pour en
effectuer plus facilement l'aliénation. Les deux parcelles
qui nous intéressent furent achetées, la méridionale, par
M. Seguin en 1761, l'autre par M. Chartron, trésorier du
Roi, à la fin de l'année 1762.