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LA PESTE A SAINT-GENEST-MALIFAUX 425 peste dont elle mourut, en faisant des œuvres de chanté, aussitôt qu'elle se vit frappée, elle sortit de la maison, afin de n'infecter personne et se fit faire une loge au chemin sur la maison, où elle se confessa, fit son testament et puis mourut. Elle avoit les passions fort mortifiées qui est fort rare dans une femme et a laissé des enfans tous pleins de son institution et qui l'imitent fort. Gabrielle Courbon, belle-mère de la susdite, et dudit lieu, âgée de quatre-vingts ans et qui n'etoit pas moindre que la susdite en mœurs et humeurs, ayant été malade et accablée de vieillesse plus d'un an, voyant que sa belle- fille sortoit dehors pour y mourir, se fit porter dans une loge qu'elle fit faire à six ou sept pas près de l'autre, disant qu'il n'etoit pas raisonnable qu'elle demeura dedans et que sa belle-fille mourut dehors, et ne put demeurer en repos, quoi qu'on lui sut représenter, que cela ne fut exécuté; elle prit le mal quelques jours après et mourut en paix. Voilà un exemple très rare. Philippa, fille à Me Jean Tardi, dit d'Ambert du Coin des Chomeys, s'exercea durant la cherté à donner elle mesme aux pauvres : pour montrer que la peine n'etoit pas petite, ni les aumosnes en petit nombre, on lui vit son corps de robe rompu sur la mamelle gauche, à force de couper du pain. Marie Rebod de Violet, femme à mon frère, fit aussi beaucoup aux malades et aux pauvres. Plusieurs autres de divers lieux de la parroisse firent beaucoup, qui seroit une affaire trop longue à raconter. Si nous eûmes quelques Galoupins de mauvaises mœurs, nous en eûmes aussi quelques-uns de bonnes, et entre autres Olive Mazenod, du lieu de la Muletière, qui servit en ce lieu avec beaucoup de fidélité.