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LE COMPLOT D'ALAGON 3O9 tifs des races auxquelles il devait le jour. Tour à tour emporté et violent comme un espagnol, souple et intrigant comme un italien, il fut français de nom, et n'en eut vrai- ment le cœur, que pendant les quelques années durant lesquelles il fut fidèle à son roi. Il naquit à Marseille, cette ville indépendante et hautaine, qui venait de repousser les Impériaux et d'envoyer des bombes à Pescaire, au lieu des clefs qu'il attendait. Et pourtant dans ses murs, quelques années plus tard, se trouvaient réunis de nombreux partisans de l'Espagne, de zélés catholiques, qui n'acceptaient pas Henri IV, roi catholique, ou qui avaient combattu Henri IV, roi hu- guenot. Chassée de partout, la Ligue expirante s'était réfugiée à Marseille ; elle avait fait un dernier appel à l'Espagne; cette puissance s'était émue du « reproche de manquer d'hommes et d'argent » (Mendoza), et Philippe II avait envoyé (10 novembre 1595) une escadre dans le port et des troupes dans la ville. Henri IV avait dépossédé d'Epernon du gouvernement de la Provence et l'avait donné au duc de Guise, jaloux de montrer que le roi de la Ligue était devenu son lieutenant. D'Epernon furieux essaie de résister en Provence, les «tyrans» Louis d'Aix et Cazaux bouleversent Marseille, mais le comte de Carces et la ville d'Aix se donnent à Guise, la Provence l'acclame; seule, Marseille ferme ses portes. Mais le corse Liberta les ouvre à l'armée royale, et la ville arbore le drapeau blanc. L'Es- pagne et la Ligue sont partout battues, et maître enfin de cette France qu'il a reconquise pied à pied, Henri IV s'écrie : « C'est maintenant que je suis roi ! » (février 1596.) Peut-être allait-il prendre un peu de repos, cesser de faire le roi de Navarre pour redevenir le roi de France, et s'endormir au sein des fêtes, mais il n'en eut pas le temps :