page suivante »
UNE 434 SOIRÉE DANS L'AUTRE MONDE arabe, bien rares maintenant à Alger, à Oran et dans les villes fondées depuis la conquête. Je ne rappellerai pas ici l'incomparable situation pitto- resque de Constantine, véritable îlot de rochers, isolé presque entièrement des montagnes qui l'entourent par la gorge profonde où coule le Rummel, situation unique au monde. Malgré les larges rues et places qui, depuis l'occu- pation française, ont percé le centre de l'ancienne ville, ses quartiers arabes sont pour le voyageur bien plus inté- ressants que ceux d'Alger. Comme dans toutes les cités orientales, c'est un labyrinthe de ruelles étroites bordées de maisons basses, sans fenêtres extérieures et blanchies à la chaux. Sur le linteau des portes basses, ouvragées de clous, des pentacles cabalistiques ou la main bleue qui éloigne les maléfices protègent chaque demeure. Les voies, au pavé irrégulier et glissant, dévalent raides et tortueuses, revien- nent sur elles-mêmes, ou bien, à demi recouvertes de voûtes reliant les maisons l'une à l'autre, aboutissent brus- quement aux falaises à pic du Rummel. Dans ce dédale se coudoient les types les plus variés, depuis le portefaix nègre, le marchand juif, l'Arabe du désert sur son chameau au harnachement bizarre, le mendiant Kabyle aux haillons inénarrables, jusqu'au Kaïd, drapé dans son burnous sans tache, passant à cheval, grave et silencieux, suivi de ses cavaliers d'escorte. Une lettre de recommandation nous avait mis en relation avec Si-Hamou-ben-Massarly-Ali, ancien Kaïd de Constan- tine, officier de la Légion d'honneur, allié aux plus nobles familles de la province. Nous trouvâmes en lui un véritable ami, d'une large hospitalité comme beaucoup de chefs arabes. Fort désireux de voir de près les étranges exercices des