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338 LA PESTE A SAINT-GENEST-MAL1FAUX celui-là , un berceau fabriqué de ses mains et orné de sculptures taillées au couteau. Tout en causant, la troupe est arrivée auprès de la crèche, placée sur le côté droit du théâtre; tous s'approchent en ordre, pour saluer le Nouveau-Né et lui présentent leurs cadeaux. Jabel, le premier, s'exprime de la sorte : Voicy mon gros mouton, le roy de nos troupeaux, Qui cinq ans a conduit mes brebis et agneaux ; Qui d'une gravité qui n'a pas sa semblable, Ramenait tous les soirs mon troupeau à l'estable, Qui de toutes les joustes en rapportait le prix Et s'était même acquis tout l'amour des brebis. Javan, Bala, Zepha, Abinadab et d'autres se succèdent. Noëmy, la bergère à l'histoire du loup, fait l'abandon de son chien; mais, sans vouloir médire, je la soupçonne d'être quelque peu coquette. Le sacrifice rachètera son péché. Je n'ay rien de plus cher en ce que je possède Que mon brave Marpaut, qui en courage excède Tous les chiens d'alentour, soit à vaincre le loup, Qui des brebis sans luy en mangerait beaucoup, Soit à faire la garde autour de nos logettes Afin que les larrons n'y entrent en cachettes ; Soit à ceux qui m'abordent de leur faire grand peur Car il a le soin même de garder mon honneur, Il ne souffre jamais que Berger à Bergère S'approche de son sein, ny de sa devantière; Et vous savez combien il a de fois dompté Des Bergers amoureux leur importunité; Je le donne pourtant pour garder cet estable Où le divin Enfant s'est rendu misérable.