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208                      BEAUX-ARTS

sur les bords charmants du Lignon, qui seront chantés plus
tard par son petit-fils, Honoré d'Urfé. C'est ce dernier qui
est l'auteur de YAstrée, ce roman dont les fictions poétiques
remplissaient alors toutes les imaginations; il est à regretter
qu'il fasse une trop grande part aux mœurs légères du
temps.
   Pour la décoration de sa demeure, Claude d'Urfé s'ins-
pire des modèles de la Renaissance, qu'il a contemplés
dans ses voyages. Il convoque les artistes célèbres qu'il a
connus. Il n'épargne rien pour doter le Forez d'un monu-
ment qui tout en exprimant son culte pour les arts, affirme
aussi l'orthodoxie de sa foi, envers le dogme de la présence
réelle, alors attaqué par le protestantisme. « Alors que, dit
« La Mure, revenant l'âme pleine de dévotion envers le
« Très Saint-Sacrement, dont le Concile avait soutenu la
« vérité, contre les erreurs des hérétiques, il fit faire cette
« très célèbre chapelle de La Bâtie, l'une des plus singu-
« Hères de France, et que Papyre Masson appelle : Sacellum
« mirabile, dont les figures sont en l'honneur du Très
« Saint-Sacrement. »
   Claude d'Urfé voulut que toute la décoration du château
répondit à celle du sanctuaire ; et par la magnificence qu'il
y a déployée, il a réussi à en faire cette demeure splendide
qui, à dater de la dernière moitié du xvie siècle et au com-
mencement du suivant, est devenue, ainsi que le dit la
monographie, le rendez-vous des grands seigneurs, et des
beaux esprits du temps.
   Toute gloire humaine s'éclipse, après avoir atteint son
plus beau lustre ; ainsi cette famille d'Urfé, arrivée à son
apogée, demeure quelque temps stationnaire dans sa
haute position, décline, et puis finit par s'éteindre, faute de
rejeton mâle, en 1724, dans la personne de Joseph d'Urfé.