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LA PESTE A SAINT-GENEST-MALIFAUX 343 Des lapereaux fuyards au coin d'une garenne, Qu'un cry effarouché des champs voisins r'amène, Ou comme le Pêcheur qui de son hameçon Par ses cautes finesses attrappe le poisson. N'ont-ils pas à César pour ce sujet fait croire Que de nombrer le peuple ce seroit sa grand gloire. Et dessous ce manteau ils tirent un tribut, Car de tirer toujours c'est leur principal but. Aussi craindre l'enfer n'est plus en cuidence, Ils l'ont mis a longtemps au grenier d'oubliance : De là les Peagers se forment un pouvoir, Qu'ils nous peuvent manger jusques au desespoir Toujours executans quelque nouveau péage, Et toujours aux despens des gens du labourage ; Les juremens en bouche et les armes en main Nous menacent toujours du chastiment Romain ; Puis un tas de questeurs qui aiment la paresse, En retirent leur vie par quelque autre souplesse : Le larron court la nuict pour dérober son parc Ses gerbes ou ses fruicts, ses poules ou son lard, L'Usurier tend ses pièges pour avoir son domaine, En supputant ses termes de semaine en semaine. Puis un brouillon plaideur d'un dangereux appel L'engage en un procez qui sera éternel Et qui le portera en un chagrin estrange Ou bien possible à vendre le pré dessous la grange. Si je voulois conter au long tous les malheurs Qui tourmentent sans cesse les pauvres Laboureurs Je n'aurois jamais fait, et ma langue seichée Se joindroit au palais pour jamais attachée. Acte III, se. 3. A croire notre poète, et il est si parfait honnête homme qu'il est impossible de mettre en doute sa parole, le succès de son drame fut complet, et il attribue, autant à la dévotion des spectateurs, qu'au plaisir qu'ils y avaient pris, les ins-