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37^ LE COMPLOT D'ALAGO\T projet, à livrer le port de Marseille, et à faire envahir en même temps la Provence du côté du Milanais, Elles se continuèrent avec un autre agent de l'ambassade, un secrétaire flamand cette fois, nommé Bruneau, et elles avaient lieu par « le moyen de l'hôtesse du Cloître Saint- Germain, où logeait Meyrargues. » Probablement ce fut aussi par le moyen de l'hôtesse que La Varenne et le roi eurent vent de l'intrigue. Ce La Varenne avait été chargé par Henri IV, dès l'arrivée de Meyrargues à la Cour, de faire connaissance avec lui et d'examiner toutes ses démar- ches. Or, La Varenne, qui était passé des cuisines du roi à une place plus haute dans sa confiance, et l'avait même servi dans ses amours, était bien l'homme qu'il fallait pour une semblable entreprise, et pour un espionnage invisible et constant. Il ne tarda pas à découvrir que le 5 décembre, vers les 8 heures du soir, Bruneau et Meyrargues seraient réunis dans la petite maison du Cloître-Saint-Germain. Aussitôt il va demander l'assistance et les archers du prévôt de l'Ile de France, de Functis, lieutenant criminel en robe courte, le même qui avait procédé à l'arrestation du maréchal de Biron. Ici la scène est facile à reconstituer : on s'approche par une nuit obscure de la maison suspecte, les archers restent au dehors à la portée de la voix. La Varenne s'avance, suivi du prévôt et demande à parler à Meyrargues. — Il est enfermé dans son cabinet avec un étranger, lui réplique- t-on. — Il monte doucement l'escalier, toujours suivi du prévôt, et l'oreille collée à la porte, il entend une partie de ce qui se dit à l'intérieur. Plus de doute, c'est bien d'une conspiration avec l'Espagne qu'il est question. Leur entre- tien fini, les deux complices ouvrent la porte, et vont sor- tir, quand ils voient surgir La Varenne, Functis et les