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I98           LES ALIÉNÉS DEVANT L'OPINION

nomènes de conscience : ils en font une de ses manières
d'être et une de ses manifestations.
   Les autres les rapportent uniquement à un être imma-
tériel, l'âme ou l'esprit, cohabitant avec la matière dont est
formé l'organisme; et, faisant abstraction complète de
celle-ci à laquelle ils réservent des attributs purement phy-
siques, présentent les fonctions psychologiques comme des
manifestations spéciales de l'esprit.
   La vérité ne réside ni dans l'une ni dans l'autre de ces
théories. On oublie que l'être humain est une entité sui
generis, qui n'est ni esprit ni matière ; d'une nature com-
plexe, il est vrai, mais qui est doué de propriétés et de
manières d'être essentiellement personnelles, absolument
distinctes de celles de l'esprit et de celles de la matière
dont il est composé.
   La notion du moi ne s'attache ni à un organe ni à une
fonction si noble qu'elle puisse être, elle n'intéresse ni
l'âme ni le corps isolément, mais l'individu dans toute
son intégrité. Il existe en réalité une entité formée d'élé-
ments de nature différente, mais combinés de manière à
constituer un être nouveau qui ne ressemble ni à l'un ni à
l'autre. On ne peut méconnaître l'analogie qui existe entre
cette sorte de formation et ce qui se passe dans un autre
ordre de choses matérielles par la combinaison de subs-
tances dont le résultat est de former un corps nouveau
différent de l'un et de l'autre de ses éléments et se
comportant suivant une donnée qui lui est propre. On y
entrevoit un exemple de la simplicité des procédés de la
nature, dont l'action se produit suivant des lois uniformes et
immuables se rapportant à un type unique et dont les ma-
nifestations échappent pour la plupart à notre intelligence.
   Nous sommes ainsi fondés à envisager nos fonctions