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290 LA PESTE A SAlNT-GENEST-MALIFAUX C'est dans ce triste réduit que la Vierge Marie, pendant une prière, entremêlée d'extase, est délivrée sans douleur et met son divin Fils au monde. Son époux, père par la tendresse, adore le nouveau-né; son allégresse, sa confu- sion, sa foi, son amour éclatent en paroles ardentes. O bon Dieu ! qu'est cecy ! mon pauvre cœur se fend De vous voir devenu de grand Dieu jeune Enfant Avec l'asne et le bœuf, en la crèche, en l'estable ; Cela m'est un mystère qui m'est impénétrable; Mon sang gelé de crainte me rend quasi transi, Car je ne suis pas digne de demeurer icy ; La présence d'un Dieu me ravit la parole, Cette faveur m'accable et mon âme s'envole. Au quatrième acte, nous sommes transportés en pleins champs, aux environs de la cité de David. Bergers et ber- gères font la veillée et, pendant que les troupeaux dorment à l'entour, sous la garde des chiens, pour tromper l'ennui, ils se racontent des histoires. On n'imagine pas récits plus édifiants, ils sont tirés des Livres Saints et choisis avec un habile discernement, car chacun est à l'éloge des pasteurs ; tour à tour on entend l'histoire d'Abel, de Jacob et de Rachel, de Moïse et de David, et d'autres encore, tous sortis de cette condition modeste et tous bénis de Dieu. Une seule bergère, la jeune Noëmy, préfère rappeler un événement qui la touche de plus près ; on lui pardonnera à cause de la vivacité de son émotion si récente ; la veille, des loups lui avaient enlevé une de ses brebis les plus grasses. Comment taire sa frayeur? La lutte de ses chiens contre les ravisseurs et leur victoire (8)? (8) Le mérite de la couleur locale de ces vers vaut qu'ils soient con-