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DE SAINT-LOUIS DE CAUTHAGE 395 de Chambord en tête, — sont inscrits sur les côtés du monument. C'est bien, en effet, un véritable monument, que le reli- quaire de Cartilage ; cette masse énorme de bronze doré a sept pieds de hauteur. Cependant, rien de plus clair et de plus simple que la conception de ce grand travail; M. Ar- mand-Calliat s'est même défendu de ce symbolisme com- pliqué et subtil, où il a peut-être versé quelquefois. Ici la pensée se livre du premier coup dans sa large beauté : sur un socle soutenu par des dragons ailés, deux anges, vêtus en chevaliers du xm e siècle, portent une Sainte-Chapelle en miniature, qui est, à proprement parler, la châsse de saint Louis. Mais étudions de plus près les diverses parties du reliquaire. Huit dragons asservis, rampant sur des patins, sou- tiennent en frémissant un large socle; à leurs ailes rou- geâtres s'accrochent des rinceaux dont la ffore est emprun- tée à l'art du xm e siècle ; le tout se détache sur un fond d'émaux noirs, d'une tonalité sévère et opulente. Au-dessus court une frise ornée de motifs bleu-turquoise, et quelques fleurons du même émail, semés sur la corniche, complètent la partie purement décorative de cette base vigoureuse. Au centre, sous une ogive dessinée par les ailes des dragons, une draperie fleurdelisée ouverte, et sur le bleu profond du ciel oriental, une scène en bas-relief : saint Louis, épuisé par la maladie, agenouillé sur la cendre, péniblement sou- tenu par son fils Philippe, reçoit sa dernière communion; la ferveur du pieux roi a été rendue avec un bonheur infini. Sur la face opposée du socle, l'artiste a représenté les derniers adieux du roi à sa femme Marguerite, devant les remparts d'Aigues-Mortes ; un batelier, petit homme blasé, « qui en a vu bien d'autres, » attend avec insouciance que cette