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422 LA PESTE A SAINT-GENEST-MALIFAUX Et finalement beaucoup de particuliers se sont efforcés de faire à qui mieux, entre lesquels je suis obligé de mettre mon frère de Violet, lequel s'étant retiré en la grange de Sapin, lorsque la peste se mit à Violet, où elle fut si furieuse qu'elle tua presque tout et n'en guérit pas un, alloit tous les jours à Violet, où il aida à ses voisins de tout son petit pouvoir, et Dieu le récompensa au centuple, car bien qu'il fut tous les jours audit Violet où le venin etoit très grand et qu'il y fit son travail à l'ordinaire, et qu'il fut bien sou- vent avec les galoupins et qu'il passa son foin et ses gerbes bien souvent sur les meubles infectés, contre mon avis, et mesme celui des galoupins, néanmoins il fut pré- servé., toute sa famille, ses biens, et tout jusqu'à son chien et son chat. Il est bien vray que trois mois après il lui mou- rut trois filles, mais ce fut qu'une d'icelles s'infecta sans y penser en gardant les brebis avec certain de Crouzet, qu'on croyoit être parfumé et il fut encore préservé grâces à Dieu. Si nous eûmes au commencement de la peste un mau- vais galoupin en ce bourg, Dieu nous favorisa d'un à la fin qui nous parfuma très bien, sans qu'il se perdit un fil d'éguillette ; il etoit de Saint-Juillien près Saint-Chaumont et s'appelloit Me Jean du Teil. Si la charité a été grande aux hommes, elle ne s'est pas montrée moindre aux femmes, voire elle a surpassé à mon avis. De Izabeau Granjon, veuve à feu Me Jean Tardi, sieur du Bois, bien qu'elle eut une excessive crainte de la peste, qui lui causoit qu'elle n'osoit pas loger les pauvres, néan- moins elle leur fit de grandes charités, notamment l'an de la cherté 1631 qu'on voyoit presque tous les jours deux cents pauvres à leur porte. De Louise Verney, femme à M. le Lieutenant, fit beau-