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384                LE COMPLOT D'ALAGON

l'histoire, que de pousser jusqu'au bout sa pointe, comme
on disait alors.
    La première fois que le nom de Meyrargues apparaît
en Provence, c'est dans le parti de la Ligue, alors vain-
queur du parti royaliste (1588). Le comte de Carces et
Meyrargues défont les troupes de La Valette, grâce à la
supériorité numérique de leur petite armée.
    En 1589, les Ligueurs, furieux de l'avènement de
Henri IV, se soulèvent de nouveau contre l'autorité du
gouverneur La Valette ; d'Ampus et ses lieutenants, Mey-
rargues, Forbin, etc., remportent une grande victoire sur
les troupes de Montmorency, gouverneur du Languedoc,
 accouru au secours de La Valette.
    En 1590, le duc de Savoie, appelé par la comtesse de
 Sault, pénètre en Provence où l'accueillent les députés de
 Marseille ; il entre dans Aix sans autre escorte que Mey-
 rargues et quelques autres gentilhommes aux cris, de « Vive
 Son Altesse qui maintient la messe ! » Le duc, reconnaissant
 son zèle, lui donna le titre de grand-maître de l'artillerie.
    Plus tard, en 1592, Meyrargues voyant le duc de Savoie
 chassé de Provence par la nouvelle de l'invasion de ses
 États par Lesdiguières et par d'Epernon, avançant jusqu'au
 cœur du pays avec l'armée royale, n'hésite plus à aban-
 donner pour toujours le parti d'un prince dont il avait long-
 temps suivi l'étoile. Il se rapproche du parti de Henri IV
 représenté en Provence par d'Epernon. Mais ce dernier
 par ses hauteurs et ses exactions, par « sa soif inextinguible
  de richesses, » mécontente même ses partisans, et se voit
  abandonner de la plupart d'entre eux, entre autres de Mey-
  rargues qui se relie au comte de Carces à qui l'on fait espé-
  rer le gouvernement de Provence. A ce moment, toutes les
  opinions changent : le comte de Carces remplace d'Epernon