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LE COMPLOT D'ALAGON 383 trouvait plus de bonne foi dans le roi d'Angleterre, quoi- qu'il ne fut pas catholique, que dans Sa Majesté très chré- tienne. Mais ce reproche ne manqua pas de réplique : « A « combien de reprises, dit le roi, l'Espagne ne m'a-t-elle « pas attaqué ? Quels outrages n'ai-je pas reçus de cette « couronne ! Ainsi, devrait-on trouver étrange si je tâchais « de lui rendre la pareille ! Mais laissons toutes ces contes- « tations; si Philippe veut agir envers moi de bonne foi, « j'agirai de même envers lui. » Zuniga, à bout de mauvaises raisons, persistait à rede- mander la liberté de Bruneau : « Dès que je serais instruit « de cette affaire, lui répondit le roi, je ferai tout ce qu'exi- « gent la justice, le droit des gens, et ma propre gloire. » Déjà , à ce moment, il avait résolu de rendre Bruneau à l'ambassadeur auparavant qu'il en parlât à Zuniga; aussi l'arracha-t-il à la question (5) qu'il allait subir, et le fit-il con- fronter avec Meyrargues. Mais au cours de ce nouvel inter- rogatoire, Bruneau, se doutant des intentions clémentes du roi à son égard, avoua tout, avec l'espoir, peut-être, que ses révélations hâteraient sa liberté. « Et l'on apprit ainsi ce que l'on savait déjà , » c'est qu'il ne s'agissait pas seule- ment d'un simple voyage en Flandre, mais bien d'un com- plot sur Marseille. Bientôt Bruneau se vit renvoyé à l'ambassade d'Espagne, après avoir reçu une copie de son procès; ce fut la seule vengeance qu'Henri IV daigna en tirer. C'est peut-être ici le cas de résumer en quelques lignes l'activité remuante de ce conspirateur, à la fois illustre et obscur, auquel il n'a manqué, pour rester célèbre dans (5) J. A. de Thou, XIV, 439-443-