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364 LES ALIÉNÉS DEVANT L'OPINION tion d'esprit qui a présidé à l'élaboration du projet actuel ; aussi porte-t-il l'empreinte des préoccupations dominantes. Néanmoins, il faut reconnaître, en dehors de ce concert, une idée essentiellement humanitaire et philantropique qui n'a pas cessé de prévaloir même au milieu des errements par lesquels on a pu se laisser entraîner et que l'on a cher- ché à concilier, dans la mesure du possible, avec les sacri- fices imposés par l'opinion mal éclairée. Telle est cependant la valeur de la loi de 1838, que, tout en la bouleversant de fond en comble, on n'a pu se dis- penser de la prendre pour base de celle qu'on lui substitue. On lui a fait subir des transformations plus ou moins heu- reuses, on a fait des additions; en un mot, on a édifié un droit nouveau capable de satisfaire les réclamations. Les réformes se résument de la manière suivante : trans- fert du contrôle au pouvoir judiciaire au lieu et place de l'autorité administrative; extension de la surveillance sur les malades vivant hors des asiles ; création de Comités départementaux de surveillance et d'un Conseil supérieur attaché au Ministère; réorganisation du service d'inspec- tion générale ; enfin, législation nouvelle relative aux alié- nés criminels. La plus capitale de toutes ces dispositions est celle qui transporte à l'autorité judiciaire les attributions que possé- dait le pouvoir administratif relativement au placement des aliénés dans les asiles et à ia surveillance au dedans et au dehors de ces établissements. Il était difficile d'ajouter aux garanties imposées par la loi de 1838 pour l'internement des malades, mais il fallait faire une modification, car c'était sur ce sujet que s'élevaient les critiques les plus pressantes et les plus arrières. On a pensé que la substitution des tri- bunaux à l'autorité préfectorale remplirait ce but et ferait