page suivante »
358 LES ALIÉNÉS DEVANT I.'oPINION diverses, il n'existait pas de réglementation générale et, par suite, les garanties en faveur de la personne des alié- nés, de la liberté individuelle et de l'ordre public faisaient presque complètement défaut, ou pouvaient être aisément éludées. Le besoin d'une législation s'imposait de plus en plus : l'assistance publique n'était encore qu'à l'état d'é- bauche et il devenait urgent de pourvoir à des nécessités qui se faisaient sentir impérieusement. Ce n'était pas chose facile et simple de formuler une loi sans précédents, qu'il fallait improviser de toutes pièces en faisant une part légi- time à des intérêts différents et souvent opposés. On créait une loi d'exception en apparence du moins, car au fond, il ne s'agissait que de spécialiser les données de la loi com- mune qui doit protéger tous les citoyens. Cette œuvre fut confiée à une Commission composée des hommes les plus illustres de leur époque, comme savants, moralistes et jurisconsultes. Des médecins profon- dément versés dans la connaissance des hommes et spécia- lement des aliénés, des magistrats, des administrateurs d'un savoir et d'une moralité éprouvées, entreprirent avec une ardeur, une science et une dignité parfaites, ce travail ardu qui eut pour résultat la loi de 1838. Dès son apparition, elle se révéla comme un chef- d'œuvre véritable et la plus haute expression du savoir, de la philanthropie et delà justice. Elle excita l'admiration uni- verselle et fut proposée pour modèle aux nations étran- gères. On ne saurait en effet, même aujourd'hui, apprécier avec trop d'éloges la sagesse et la prévoyance avec les- quelles sont protégés les intérêts des malades et ceux de la société, les garanties sérieuses qu'elle donne à la liberté individuelle, à la sécurité publique et aux convenances de la famille.