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ET DEVANT LA LOI 359 Depuis un demi-siècle, elle s'est maintenue à la hauteur de la tâche qui lui est dévolue ', ce qui ne lui a pas épargné, néanmoins, des attaques violentes et répétées. Les repro- ches ne lui ont pas été ménagés : on en a fait une loi bar- bare et injuste, propre à servir d'instrument à l'arbitraire et au despotisme. Ces accusations partaient, il est vrai, d'un milieu suspect, de romanciers et de publicistes sans com- pétence, mais dont les allégations difficiles à contrôler ne laissaient pas que de jeter le trouble dans les esprits. L'in- fluence de la presse ne dépend pas ordinairement de la sincérité et de la véracité de ses assertions, mais bien plus encore de la nature des sentiments qu'elle met en jeu. Aussi l'opinion s'est-elle émue profondément et ses récla- mations provoquèrent l'attention des législateurs. Il deve- nait urgent et nécessaire d'examiner avec soin et impartia- lité ces accusations, d'apprécier ce qu'elles pouvaient avoir de fondé, et, s'il y avait lieu, de satisfaire aux exigences formulées par la conscience publique. On fit une enquête dans des conditions de prudence, d'équité et de savoir digne des plus grands éloges. Elle ne révéla pas de fait certain de séquestration arbitraire d'alié- nés dans les asiles; mais seulement des abus engendrés par l'oubli et la violation des prescriptions légales. Si parfaite que puisse être une loi, il y aura toujours des abus puis- qu'ils ne sont autre chose que l'inexécution de ses règles, et ce n'est certainement pas en en créant de nouvelles que l'on parviendra à réformer cette tendance. La loi en est donc bien innocente et c'est injustement qu'on l'accuse de ne pas être observée. Les reproches adressés à la loi de 1838 visent trois points principaux : la séquestration arbitraire, les traitements infli- gés aux aliénés et l'absence de garanties relativement à la