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                   LE COMPLOT D'ALAGON                    315

   Henri IV dut sévir.
   D'Épernon lève des troupes en Guyenne ; Montmorency
arrête les Lucquisses; Thémines pend quelques rebelles.
Une révélation complète, celle de Blanchart, l'intendant du
duc de Bouillon, dénonce les coupables et avoue la cabale.
Bouillon se rend, et donne l'ordre à ses capitaines de se
soumettre à la volonté du roi. Deux d'entre eux, Vassinhac
et Reignac, sont exécutés; les autres, la Chapelle-Biron,
Giversac, Tayac et Lugognac sont déclarés contumaces;
les Grands Jours d'Auvergne font voler une dizaine de têtes,
et l'Ouest est pacifié. Les factieux, qui ont déjà vu le sup-
plice des deux Lucquisses, comprennent que désormais
« ils ne pourront plus brouiller comme autrefois. »
   Tandis que ces graves événements se passaient dans
l'ouest, que faisait Meyrargues en Provence ? Nous l'avons
vu tremper dans la conspiration de Bouillon ; nous l'avons
vu recevoir de l'argent de l'Espagne; quoiqu'il s'en soit
bien défendu plus tard, c'est lui qui s'est ouvert le premier
aux Espagnols; il n'eut besoin pour cela que d'un prétexte
habile, il feignit de vouloir combattre aux Pays-Bas sous
l'archiduc Albert, dans cette guerre avec la Hollande qui
durait depuis quarante ans.
   Le prétexte trouvé pour s'aboucher avec les Espagnols,
il fallait le moyen de leur livrer Marseille. Ses deux galères
lui parurent suffisantes pour assurer à ses alliés l'entrée du
port, mais à lui seul il ne pouvait leur ouvrir la Ville. Les
vieux ligueurs, les mécontents à qui il dévoile son dessein,
hésitent, soit que l'entreprise fût douteuse, soit qu'elle fût
impossible, conduite par un tel chef; et Meyrargues finit par
être heureux de trouver sur ses galères un forçat intelligent
et adroit qui se charge de le seconder. La confidence d'un
tel secret faite à un tel auxiliaire montre ce qu'était Mey-