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3 l6 LE COMPLOT D ' A L A G O N rargues, et le forçat prouva qu'il le connaissait bien, car le premier usage qu'il fit de sa liberté reconquise, fut d'aller demander au gouverneur Charles de Lorraine une bonne récompense en échange du complot qu'il lui dévoilait. Guise effrayé prévient aussitôt le roi; mais celui-ci conser- vait encore des illusions sur Meyrargues ; il n'avait pas en main les preuves écrites de sa trahison, on ne la connaissait que par la dénonciation toujours suspecte d'un forçat : il donna Tordre de ne pas précipiter les choses. Peut-être trouve-t-on là quelque trace des intrigues des Joyeuse et des Guise, soucieux de l'honneur d'un parent. Le gouver- neur de Provence n'eut qu'à surveiller Meyrargues, et à prendre toutes ses précautions pour assurer la sécurité de la Ville. Une fois encore, Meyrargues était sauvé. Il avait perdu la faveur du duc de Guise, il avait ébranlé la confiance du roi, mais son projet n'avait échoué que parle mauvais choix de son confident; il le trouvait toujours bon et exécutable. Il ne devait plus rester à Marseille, où son complot pouvait s'ébruiter, où il se sentait serré de trop près, trop surveillé ; à Paris, au centre de cette politique occulte dont Phi- lippe III enveloppait toute l'Europe, il lui serait plus aisé de recruter des partisans de l'Espagne et d'intriguer avec ses ambassadeurs. Une occasion inespérée s'offrit bientôt à lui : les Etats de Provence venaient de s'ouvrir ; de tous côtés on se plai- gnait de la lourdeur des impôts, et en particulier de l'as- siette des tailles : un cahier de doléances fut rédigé et Meyrargues fut chargé d'aller à Paris le porter au roi et soutenir les réclamations de ses compatriotes. Voilà donc Meyrargues parti pour aller à la Cour. Dans quelle attitude s'y présentera-t-il, maintenant qu'il a acquis