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u8                    LUG EN CELTIQUE

    Tous ces auteurs ont très vraisemblablement emprunté
le mot au Dictionnaire français-breton du Père Grégoire de
Rostrenen, Rennes, 1730, qui écrit aussi « que loug ou lug
voulait dire corbeau en bas-breton, mais il s'appuie préci-
sément sur le nom de Lugdunum (8). »
    Le Père Grégoire nous donne ainsi lui-même la clef
explicative de la présence soudaine de ce lug, qui apparaît
tout à coup dans les dictionnaires au xvm e siècle, au mo-
ment de la monomanie celtisante, et qu'on ne rencontre
dans aucun document antérieur. Aussi nul ouvrage scienti-
fique n'a voulu l'admettre, et La Villemarqué, qui a fait
nombre d'emprunts au Père Grégoire, s'est bien gardé de
l'inscrire, même sous la responsabilité du Père, comme il
l'a fait pour beaucoup d'autres mots.
    L'emploi du mot « corneille » au lieu de « corbeau »
 par le premier auteur anglais qui a copié Grégoire, peut
 s'expliquer par le fait que xopax signifie « petit corbeau »,
 ce que l'auteur a cru traduire plus exactement par « cor-
 neille, » le corbeau n'étant souvent pour les dialectes cel-
 tiques qu'une grande corneille.
    Prouver par les dictionnaires celtiques que Clitophon a
 traduit exactement lug par corbeau, c'est donc prouver
 Clitophon par Clitophon.

   On ajoute deux arguments. Le premier, c'est que des
monuments figurés, médaillons de terre cuite et monnaies,
viennent démontrer l'étymologie « Lugdunum, colline des
corbeaux », par la représentation de cet oiseau.



  (8) Je ne connais pas le Dictionnaire du Père Grégoire. La phrase
entre guillemets est de M. Roget de Belloguet.