page suivante »
464 HIsTOIRE D'UNE PENDULE — Et puis, et puis, demandèrent les assistants. — Et puis, c'est .tout. Au bout de près d'un mois de souffrances, Pierre mourut en bon chrétien. — Mais gui le recueillit ? qui le soigna ? — Qui voulez-vous que ce fût, répondit la digne femme avec simplicité, si ce n'est moi? On ne pouvait le faire entrer chez sa mère, personne au village ne s'en souciait et on l'eût trop méprisé à l'ambulance. , Et comme un murmure d'admiration parcourait l'au- ditoire: — Oh ! dit-elle,je fus bien récompensée, allez. Son repentir fut aussi grand que l'avaient été ses fautes. Il fit noblement le sacrifice de sa vie pour les rache- ter. Je lui pardonnai de tout mon cœur, à ce pauvre Pierre. D'ailleurs, qui sait si aux yeux de Dieu il était aussi coupable qu'aux nôtres ? Comme il me le disait, le crime de son père retombait en mépris sur lui : il était aigri, irrité. Il exigea pourtant de moi une promesse que j'ai eu bien de la peine à tenir, ajouta comme en rêvant Mrae Marther. — Laquelle ? — Ce fut de ne pas raconter à Jacques, quand il revien- drait, par qui et comment je fus privée de ma pen- dule. Il crut tout simplement que les Prussiens me l'avaient enlevée. Mais je ne puis assez vous dire combien il m'en coûta de ne pas lui ouvrir mon cœur à ce sujet. Quand il me répétait dans sa longue maladie : — Ah ! mère , comme la vieille pendule me tiendrait compagnie et comme sa sonnerie m'aurait fait paraître les nuits moins longues! je sentais mon cœur se déchirer et les larmes me monter aux yeux. Et pourtant,il valait mieux ne rien dire, qui sait si le pardon lui eût été facile Hélas ! nous