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402 POÉSIE Je me mis à genoux, bras tendu, main ouverte ; Un homme entra vêtu d'un froc de capucin ; Il était grand, d'un loup sa face était couverte. Il portait sous le bras l'instrument assassin, Sorte d'outil de cuir en forme de spatule. Il frappa comptant : «un, deux, trois, quatre, cinq, six. » Un père près delà , triste, s'était assis. L'acte étant terminé, je baisai la Férule. Les mains me faisaient mal et je criais de rage. Le père s'approchant, doucement me parla, M'entourant de ses bras et me disant : « Courage, « Il faut l'offrir à Dieu ! » Et puis, cette nuit-là , J'eus un terrible rêve! Emplissant ma cellule, De capucins masqués un affreux bataillon > Tournoyait à mes yeux en sombre tourbillon, Chacune de leurs mains tenant une Férule. , Bien des ans ont passé ; ma chevelure est grise ; Pour moi, depuis longtemps, les bons tours sont finis. Je n'ai plus l'âge, hélas ! de faire une sottise Et quand d'autres en font, c'est moi qui les punis. Amis, excusez-moi si, ce soir, je formule Un regret malséant pour nos fronts élargis. Je le dirai tout bas, tellement j'en rougis : « Heureux qui peut encor mériter la Férulel » Les temps où nous vivqns sont mauvais pour la France Nos femmes ont encor les yeux rouges de pleurs ; Pour nous purifier au feu de la souffrance, Dieu, sans doute, a permis ces immenses douleurs. Mais si nous n'avançons, l'humanité recule ! Quand fuiront les intrus, courbés sous le mépris, Comme des écoliers par le maître surpris, C'est que la France aura ressaisi la Férule !. UN VIEUX MAÎTRE D'ECOLE. Lyon, Avril 1871,