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Vallon, mais déjà bondées de malades allant vers le mé-
decin maure, je dus aller à pied. Je passai la rue Babel-
Oued et les remparts ; j'arrivai, après plusieurs rampes
douces bordées presque uniquement d'oliviers, au fond
du Frais-Vallon. Efl cet endroit, la route s'arrête, un
ruisseau seul parcourt le fond delà vallée, et en prenant
à droite par un sentier étroit et tracé presque au bas
d'une gorge étranglée, je montai dans cette petite thé-
baïde, peuplée çà et là, sur les rochers, au milieu de
terrains en friche, de quelques cinquantaines de chèvres
maltaises qui doivent souvent dégringoler et se casser
les reins. »

    « Après avoir franchi le fond du ravin tout garni
 d'aloës et de figuiers de Barbarie, j'arrivai à la demeure
 de Sidi-Abderrhaman. Je ne m'étais pas trompé ; évi-
 demment le sentier que j'avais suivi était un sentier
 battu journellement, et je ne pouvais avoir de doute,
 une queue d'environ vingt-cinq personnes attendait le
 tour de la consultation. Je remarquai parmi ces per-
 sonnes des Juifs, des Arabes, des Espagnols et une fa-
 mille française venue dans sa calèche jusqu'au bas du
 ravin.
    « Au bout de deux heures environ, mon tour arriva.
   « J'aperçus alors, assis sur une natte d'alfa, les
jambes croisées à la manière arabe, un homme d'une
quarantaine d'années, gros, court, vêtu du costume
des Maures ; ils ont tout le haut de la tête rasé et cou-
verte d'un turban.
   « Au premier abord, la seule partie du visage qui
me frappa fut l'œil noir, très-gros, et paraissant perspi-
cace.
   « Je remarquai que la petite caverne était complète-
ment dépourvue de mobilier ,• deux ou trois bouteilles de
médicaments, quelques fioles et un réchaud complétaient
toute l'officine.
   — Bonjour, lui dis-je.
   — Bonjour, me répondit-il en me dévisageant ; qu'est-
ce que tu veux?
   « Après cette parole, il ne me regarda plus, baissa les
yeux et attendit la réponse.
   — Je suis malade et viens te voir.
   — Bien. Tu n'es pas médecin ?                    r