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COUVENT DES MINIMES 339 « Comme le roseau cède aux ondes et fléchit au vent « sans débris, la vertu est secouée, non terrassée, encore « ces secousses ne l'ébranlent qu'en son Avril. » « On est homme par le droit de nature : par celui des « nations, on est prince et chrétien par la grâce de Dieu « et par le bénéfice de l'Evangile. » Il termine une peinture de la cour par cette réflexion : « Ce sont les yeux de la cour et les tours du siècle : « Tout y rit aujourd'hui, demain tout y pleure. » Parlant de la foi que le duc avait toujours professée pour nos mystères, il condamne ceux « qui s'ingèrent de manier la théologie au vent et gré d'une imagination capricieuse et bizarre, et peser les mystères au trébuchet de la raison naturelle. » « Comme si le ciel, ajoute-t-il, « jouoit de pair avec la terre, si la sapience étoit esclave « de l'opinion, et si la parole de Dieu étoit sujette au « babil éventé d'un indocte muguet. » Les grandeurs et les dignités mondaines ne l'éblouissent pas, et comme Bossuet le fera plus tard avec une élo- quence qui ne sera jamais égalée, le père Humblot jette en proie h la mort : fortune, renommée, qualités et vic- toires, afin que l'homme paraisse néant en face de Dieu, et uniquement orné des dons de la grâce et des mérites de ses propres vertus. « Que si quelqu'un objecte qu'il n'y a que la vie pr'é- << sente qui distingue les princes d'avec les ordres infé- « rieurs, que le sépulchre rend tout commun, que de- « vaut Dieu les hommes sont indifférents, que tout est « égal au parquet de la justice et de la majesté divine ; « je ne désavoue pas que l'unique grâce de Dieu donne « investiture aux princes. Il fait des hommes ce que nous « faisons des jetons, dont les uns valent plus que les » autres. J'adjoute que tout prince est comptable, autant « et plus que sont les bûcherons. »