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                       CHRONIQUE LOCALE                     31b
   Le même jour, s'éteignait M. Antoine Rambaud, juge de
paix du troisième canton, ancien bâtonnier de l'ordre des
avocats, ancien administrateur des Hospices civils de Lyon.
  Avec M. Rambaud, a disparu un homme d'élite, qui, pen-
dant trente années, fut un des plus dignes caractères et un
des talents les plus remarquables du barreau de Lyon. Une
afïluence nombreuse a tenu à rendre les derniers devoirs au
magistrat et à l'ancien avocat dont- la carrière avait eu un si
vif éclat,
   — Un vaillant missionnaire lyonnais, est mort de la fièvre
jaune, au Brésil, victime de son zèle sublime et de son dévoû-
ment. Le 16 mars, le R. P. Damien Signerin, frère de M. le
curé archiprôtre de Beaujeu, est allé augmenter le nombre
des martyrs que l'église de Lyon a donnés à toutes les parties
du monde.
   Le 21, c'était à in architecte estimé, naturalisé lyonnais
par ses œuvres, M. Amédée Savoye, à nous quitter pour ja-
mais. Il avait exercé à Saint-Etienne. Venu à Lyon, vers
'J835, il avait bâti le passage Goiran, puis la caserne de Per-
rache, démolie lors de la construction du pont du chemin de
fer- On lui doit le joli édifice où sont les bureaux de l'ad-
ministration du gaz, diverses maisons dans l'intérieur de la
ville^, mais surtout, avec l'aide et la collaboration de M. Pon-
cet, le percement et la construction de la rue Centrale.
   A ce sujet, un journal mal renseigné, a déclaré que cette
entreprise était « la première de ce genre, non pas seule-
ment à Lyon, mais en France H! »
   Suit une longue énumération des difficultés qu'ont éprouvées
les deux entrepreneurs et un grand éloge de leur hardiesse
 et de leur esprit d'innovation,presque aulendemain de la pro-
mulgation de la loi sur l'expropriation pour cause d'utilité
publique.
   Le Courrier de Lyon a trop oublié que la rue de la Préfec-
ture, faite par un seul propriétaire, avec trois associés qui
l'ont peu aidé, estbienantérieure à la rue Centrale; qu'alors,
ce malheureux propriétaire, qui ne voulait faire qu'un passage
comme l'allée de l'Argue, séduit et encouragé par les pro-
messes de l'Administration, avant 1830, consentit à ouvrir
une rue qui permettrait aux équipages de la Préfecture de se
rendre aux Terreaux sans passer par la rue Saint-Domini-
que, Bellecour et les quais ; qu'il eut à lutter contre tous les
mauvais vouloirs,toutes les difficultés ; ne vit pas s'accomplir,
après 1830, les promesses qui lui avaient été faites, que
n'ayant pas encore pour lui la loi sur l'expropriation qui
n'était pas promulguée, il perdit soixante - trois procès
contre les propriétaires des terrains voisins, eut à lutter
contre les mauvais temps des guerres civiles de 1831 et 1834
et pendant que s'étaient enrichis ses ouvriers, ses entrepre-
neurs, ses fournisseurs, ses architectes et ses hommes d'af-
faires, homme d'honneur et vaillant, il voyait s'écrouler sa
fortune et mourait, à 89 ans, dans la gène, le désespoir au
cœur, comme Perrache de triste mémoire, comme tant d'au-
tres dont les noms sont aujourd'hui oubliés.