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306 LES PEINTURES MURALES
C'est M. Perrodin, de l'Ecole artistique de Flandrin,
qui a exécuté ces peintures et nous pouvons le féliciter
d'avoir si bien compris la donnée qui opère l'heureuse
transformation du monument. La vue de ce grand Christ,
en dehors des proportions ordinaires, impressionne dès
l'entrée. On croirait être introduit dans quelque antique
basilique byzantine ou romane, telle que la cathédrale
de Pise où la mosaïque du chœur produit un si grand
effet.'On est ramené par la pensée à ces époques où les
générations croyaient au Christ, où on ne l'humanisait
pas. Son idée dépassait tout, inspirait tout, était l'âme
de tout. Il était accepté sans conteste comme le libéra-
teur, le civilisateur, le dominateur universel.
» On peut constater un sentiment rassurant pour l'ave-
nir. La Providence qui permet les erreurs d'un siècle,
surveille cependant les différentes branches de science
ou d'art qui peuvent contribuer à défendre ou à soutenir
la vérité et, tandis que la peinture s'égarait dans des
voies sensuelles, comme dans le XVIIIe siècle et dans une
partie de celui-ci, elle a suscité de tous côtés, des hommes
puissants et convaincus qui, comme Cornélius, Overbeck
et Flandrin, ont replacé l'art religieux dans sa vraie
> voie, dans les vraies conditions de la mission dont il est
chargé. Ces grands artistes se sont sentis comme inves-
tis d'un sacerdoce en vertu duquel ils ont réagi contre
le sensualisme et le réalisme et ils ont, nous le voyons,
trouvé des imitateurs et des successeurs. Mais ce n'est
que dans les églises qu'ils peuvent établir la manifesta-
tion de leur œuvre sainte, car, dans les Expositions mo-
dernes, un sujet religieux sérieusement traité n'est pres-
que plus possible. Comment, en effet, à côté de ces ta-
bleaux sans pensée qui n'ont d'autre but que de flatter
les yeux ou de reproduire à s'y méprendre les objets du