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296                  LE   ÉLÈVES SOURDS-MUETS

France étudia l'intéressante question et, grâce à son
merveilleux génie, se mit à la tête du mouvement en pro-
duisant l'immortel abbé de l'Epée.
   Si le célèbre instituteur ne fut pas le plus ancien, le
premier, comme on le croit quelquefois, il fut le plus
sagace, le plus patient, le plus habile. Etudiant.le système
de l'Anglais Wallis, il essaya de faire parler les sourds-
muets, puis renonçant à cette méthode qu'il jugea trop
longue et trop difficile (1), il donna au langage des gestes
tout le développement que nécessitait un enseignement
complet.
   L'abbé Sicard avait condamné la méthode parlée,
 Bebian, directeur de l'institut de Paris, y revint. Ordi-
 naire alla plus loin et interdit aux élèves le langage mi-
mique, ne laissant qu'aux lèvres et à l'articulation le
 devoir ou le soin de l'échange des pensées. C'est de ce
 système absolu que les Allemands se sont emparés et
 qu'ils ont fait leur, en lui donnant une immense perfec-
 tion; M. Hugentobler nous a montré tout ce qu'on pou-
 vait en tirer f



    (i) L"abbé de l'Epée était au courant de la méthode d'articula-
 tion et il l'appréciait à sa juste valeur, car il dit dans son livre,
 l'art de faire parler les Sourds-muets :
      « Le sourd-muet n'est complètement rendu à la ; Société que
 «    lorsqu'on lui a appris à s'exprimer de vive voix et à lire la
 «    parole dans le mouvement des lèvres. » Et plus loin: « Puisse ce
 «    fruit ds mon travail être de quelque utilité, jusqu'à ce que
 «     d'autres instituteurs aient répandu plus de lumière sur cette
 «    matière importante. »
   Mais l'abbé de l'Epée, dans son institution, adopta néanmoins
 les signes, parce que, longtemps, seul avec un grand nombre
 d'élèves, il jugeait la dactyologie plus expéditive que la parole
 articulée et la lecture sur les lèvres, et en cela il avait raison.