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toujours en usage : en 1742, défense est faite aux hôte-
liers, cabaretiers et autres habitants de la ville de rece-
voir les mendiants et les vagabonds, « ni permettre de
« tenir en leur logis et maisons aucune académie de tabac
« à la pipe, attendu les insolences et mauvaises actions
« qui s'en suivent, et dont on entend chaque jour diverses
« plaintes. »(Arch. de Lyon, par Rolle. P. 116—1642)
Eh bien ! maintenant que nous avons fait d'immenses
progrès, l'usage de la pipe et du cigare n'est plus soumis
à la prohibition. On a la liberté de fumer dans les cafés
et même dans les salons du plus beau monde. On prouve
ainsi qu'on ne craint pas la mauvaise odeur ; mais qu'on
regarde simplement comme une saleté tout ce qui n'est
pas à la mode, laquelle a toujours été la souveraine de
la société élégante.
On le voit : de tout temps le vin a usé de sa puissance
avec excès et sa triste autorité est encore vivante de nos
jours ; mais il semble que dans les pays où l'on ne cul-
tive pas la vigne, cette autorité est encore plus tyran-
nique que dans ceux où l'on fabrique le vin ; ce qui prou-
verait que l'habitude d'en boire journellement est presque
un remède contre les excès de l'ivrognerie, parce qu'elle
habitue les buveurs à l'action de ce liquide. Voici en effet
ce qu'on peut lire dans le Salut Public du 7 septembre
1873 : « Nous trouvons dans un travail de statistique des
« détails fort curieux sur les victimes de l'ivrognerie,
« dans les différents pays civilisés ; en Angleterre les
« excès de boisson tuent chaque année une moyenne de
« 50,000 personnes, dont 12,000 femmes ; en Allemagne
« les victimes de l'ivrognerie sont de 40,000 par an;
« en Russie de 25,000; en Belgique de 4,000 ; en France
« de 2,000. »
Il est à présumer que dans les régions du nord, le vin