page suivante »
COUVENT DES MINIMES 251 dans les hôtelleries, ne se donnant ni trêve ni repos et allant chercher dans leurs maisons les partisans de la Ré- forme pour les convaincre et les ramener à la ve'rité. Dans l'intérieur du couvent, on admirait la fidélité et la ponctualité avec lesquelles il remplissait chacun des exercices prescrits par la règle. La régularité fut le trait distinctif de sa longue vie. Son biographe raconte qu'à l'âge de quatre-vingts ans, ce vieillard était encore un des plus assidus au chant de l'office de nuit. Un jour, où par pitié, pour sa faiblesse, on l'avait exempté de s'y rendre, il en parut si mortifié et si chagrin et sollicita avec tant d'instances et de larmes de n'être pas séparé des autres avant sa mort, qu'on dut lui rendre la liberté d'accomplir ce pénible devoir. Plus d'un trait merveilleux illustra d'aussi éminentes vertus. Les anciennes chroniques parlent de l'esprit de prophétie dont il fit preuve en plusieurs circonstances, et rapportent quelques guérisons, regardées alors comme des miracles et attribuées à ses saintes prières. Nous devons au moins ne pas omettre ce qui lui arriva à l'hos- pice de Saint-Laurent et raconter comment il fut délivré d'une mort à peu près certaine. Cet hôpital, situé sur le coteau de Saint-Irénée, était destiné aux pestiférés. On les enfermait dans ce lieu afin de diminuer les dangers de la contagion et de procurer aux malades des secours plus prompts et plus efficaces. Les Huguenots se saisirent un jour du Père Rolland, l'en- traînèrent à l'hôpital et le contraignirent d'y demeurer, prétendant qu'il était atteint de la peste. L'excellent religieux, qui n'avait pas le moindre symp- tôme de cette terrible maladie, en fut promptement saisi. Les moribonds jetés pêle-mêle autour de lui, et l'atmos- phère malsaine du lieu la lui communiquèrent sans délai.