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  236                   CHRONIQUE LOCALE

    Lyon semble môme indiquer aux voyageurs des découvertes
    encore à faire, puisque découvertes il y a; que si ces découver-
    tes se font, il y aura un compte sévère à demander aux es-
    prits chagrins qui ne savent que blâmer, critiquer et haïr.
       Qu'enfin, il est beaucoup plus facile de dire que les autres
    se sont trompés que d'agir soi même.
       Quand l'illustre Caillé parcourut seul, sans appui et sans
   secours, l'Afrique centrale, de Sierra Leone à Tanger, il
   n'avait pour mesurer le méridien et reconnaître sa position
   dans le désert que son bâton de voyage et son ombre au
   soleil; et cependant malgré les erreurs qu'il ne put éviter,
   aucune insulte ne lui fut faite par les savants de Paris.
       Lorsqu'on 1860, M. D'Avezac eut trouvé, dans un grenier
   de Laon, le magnifique globe terrestre en métal qu'on avait
   oublié et dédaigné depuis tant d'années, et qui indiquait
   l'état des connaissances géographiques de 1480 à 1490, c'est-
   à-dire avant la découverte de l'Amérique, il le décrivit
   avec amour et soin, et n'eut point la pensée de le dénigrer,
   de le décrier ni de montrer les erreurs qu'il pouvait conte-
   nir. Le cœur plus haut que cela, il fit valoir ce qu'il avait
   de bien pour en faire profiter la science.
       Quand dernièrement, M. Châtel eut découvert, dans un
  'vieux coffre, à la Rochelle, une autre splendide sphère en
   vermeil, paraissant remonter à la fin du xvi" siècle, il s'at-
   tacha moins à railler l'artiste d'avoir mis un bras de mer
   immense entre l'Asie et l'Amérique, ce qui faisait croire aux
   navigateurs qu'on pouvait aborder , en Amérique par le
   nord, qu'à le louer et à l'admirer de ce qu'il avait mis les
   sources du Nil au sud de l'équateur, conformément à la tra-
   dition ptolémaïque, et aux connaissances des Arabes et des
   cosmographes du moyen-âge. Il compara cette précieuse
   sphère aux globes de Martin de Behaim, de Schoener, de »
  Burton, de L'Ecuy, à ceux de Laon,de Francfort et de Nancy
   et il se demanda par quel étrange revirement des connais-
   sances humaines, « la science, qui avait rompu avec la tra-
  dition, se trouvait de nouveau, grâce aux dernières explora-
  tions dans l'Afrique du sud, forcée de revenir à la tradition
' qu'au xvme siècle et jusqu'au milieu du xixe, on regardait
  à tort comme une erreur ?»
      Il n'avait donc jamais feuilleté un atlas des siècles der-
  niers, il ne connaissait donc que les cartes modernes, ce
  Baker qui dans son livre : Découverte de. l'Albert Nyanza,
  commence ainsi :
      « L'histoire du Nil contenait jusqu'ici une page-blanche;
  personne n'avait éclairci le mystère des sources de ce fleuve.
  Les anciens consacrèrent, mais en vain, beaucoup de soin
  et de temps à la solution du problème.
     « La tâche est maintenant accomplie. Trois expéditions
  anglaises, trois seulement, ont, à intervalles inégaux, pour-
  suivi cette mission enveloppée de tant d'obscurité. Chacune
  d'elles a atteint son but.
      « Bruce découvrit les sources du Nil Bleu; Speke et
  Grant ont trouvé la source Victoria du Nil Blanc ; il m'a été
  donné de compléter cette découverte par celle de l'Albert