page suivante »
UNE PLUIE D'AÉROUTHES EN BRESSE 229
e
Le dimanche 46 décembre 1742, à deux heures et
denry après midy, le temps extrêmement serain avec le
plus beau soleil du monde, l'on entendit un bruit sourd
du cotté de byze et soir avansant à vent et matin et gros-
sissant à mesure qu'il aprochoit comme le bruit que fait
le tonnaire après l'éclair; de temps à autre l'on entendait
un bruit semblable à celuy d'un coup de canon. J'apersus
en examinant le cotté d'où venoit ce bruit un nuage roux
clair fait comme une flamme prolongée, long à vue d'.œil
de 50 brasses et large de trois, lequel avancoit avec
une rapidité étonnante, il passa sur le village du
Luponas en Bresse, et à cinq cent pas de l'église portirent
deux coups semblables à des coups de canon; les deux
coups furent successifs et distingués l'un de l'autre d'une
seconde et suivis d'un sifflement semblable à celuy d'un
boulet de canon, occasioné par la chute de deux pierres,
l'une dans un vernay appelle de Champagne, laquelle
n'a pas été trouvée et qui peut être sautée en rebondis-
sant dans la rivière, l'autre tombés dans une terre en fri-
che apelée les Grandes Terres, fît un trou de demy pied,
et n'étant pas tombé à plomb écorcha la terre en biais et
ressauta à six pieds de l'endroit. Elle fut trouvée par un
nommé Ronjon demeurant audit Luponas, envoyé pour
reconnoître ce qui avoit occasioné le bruit que moy sous-
signé avois entendu du cotté où elle tomba. Cette pierre
était noirâtre au dehors comme si elle avoit été plusieurs
fois dans la poudre enfLamée ; son poids de près de quatre
livres, la figure comme une poire bou chrétien d'hivers,
bossue et cornue.
Le nuage disparut en s'éloignant et probablement cre-
va puisqu'après plusieurs coups successifs partis de tems
à autre l'on entendit comme une décharge de mousquete-
rie suivie et entretenue pendant quatre socondes, après