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                   LA BATAILLE DE NÉZIB                  i27

posés de Syriens. Sans perdre un instant, Soliman lança
les Hanadès à la découverte et lui-même, avec quelques
officiers, se mit à la poursuite des fuyards. On les trouva
dans un pli du terrain, se dirigeant du côté de l'ennemi.
On les cerna et on les ramena aux tentes avec la sévérité
que la discipline exigeait. Ils assurèrent qu'ils s'étaient
égarés dans l'action et qu'ils cherchaient à rentrer au
camp. On n'en crut rien, on changea leurs officiers et on
les désigna pour aller, le lendemain, au feu dans l'en-
droit le plus périlleux.
    Le projet d'Hafiz avait été ainsi déjoué, car c'était
bien à la suite d'un complot entre les Syriens et lui que
cette attaque avait été simulée pour permettre à tous les
mécontents de quitter les Africains et de se ranger sous
les drapeaux ottomans. Cette désertion à la veille de la
bataille était d'autant plus dangereuse que les Syriens,
levés malgré eux, étaient nombreux et que leur fuite eût,
dans des proportions considérables, dégarni les rangs
des Egyptiens. Le reste de la nuit se passa sans som-
meil; enfin, le soleil du 24 se leva prêt à éclairer la lutte
qui devait décider du sort des deux nations.
    L'armée égyptienne, moins nombreuse, était plus ho-
mogène. Malgré le grand nombre de Syriens qu'elle ren-
fermait, malgré la quantité de fellahs et de nègres
qu'elle comptait dans ses rangs, elle ne faisait qu'un
tout, façonné par la main habile de ses officiers. Elle
 avait fait la guerre et avait une confiance absolue dans
 ses chefs. Elle avait bravé la rigueur de divers climats,
savait se passer de tentes pour coucher à la belle étoile,
mais, surtout, elle n'avait que des officiers éprouvés, par-
 venus à leur grade par leur mérite et non par la faveur ;
 elle avait toujours triomphé dans ses rencontres avec
 les Turcs et elle comptait bien les vaincre encore une
 fois.