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LA BATAILLE DE KÉZIB 31 dont les produits ne pouvaient plus couvrir les frais d'exploitation, et trouvant les affaires de l'Egypte un peu plus embrouillées qu'à son départ. Mais s'il avait d'amers désenchantements, s'il avait perdu ses chères illusions au sujet des trésors qu'il ne rapportait pas, si la Turquie faisait marcher ses troupes pour envahir la Syrie, l'intrépide vieillard avait remporté deux avantages préeieux : il avait d'abord organisé l'administration de la Nubie et rattaché étroitement ce beau pays au padischa ; puis, après avoirprononcé,trop haatpeut-être, qu'il allait proclamer son indépendance, il pouvait montrer aux puis- sances européennes que ce n'était pas lui qui troublait la paix du monde, et qu'il était bien obligé de se défendre puisqu'il était attaqué. On put soupçonner alors,qu'embarrassé de sa conduite, le rusé Roumôliote, après ses menaces, n'avait pas voulu les mettre à exécution, et qu'il s'était absenté de sa capitale pour n'avoir à répondre à personne, se débarras- ser des consuls, et laisser à la Porte la situation délicate et difficile de chercher querelle à un voisin innocent qui ne lui disait rien. Dès son retour, les intrigues recommencèrent au palais de Schoubra ; les subtilités de la politique européenne ne laissèrent plus de trêve au vieux pacha ; on épilogua toutes ses paroles et toutes ses actions ; il fut caressé ou menacé suivant le tempérament et le caractère de chacun des consuls qui l'entouraient et surtout du Gouvernement au nom de qui on lui parlait ; mais malgré les ennuis et les fatigues de cette position, l'habile souverain était à même de répondre h tous et, continuant invariablement sa route et, tout en se soumettant à toutes les observations, en ap- prouvant tous les avis, en protestant de son désir de la paix que voulait aussi l'Europe, il n'en donnait pas moins