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               LASSITUDE


       A ma cousine Adèle Souchier.
Assourdi par le flux et reflux de la foule
Passant dans le brumeux et sombre carrefour
Comme un flot haletant qui monte et se déroule,
J'ai besoin de repos, d'air pur et de grand jour.
Rendez-moi, rendez-moi les riantes contrées,
Les forêts de sapins de mon pays natal,
Le cours diamanté des ruisseaux ue cristal
Et les riches moissons dans les plaines dorées !
Mon front se baignera dans le soleil couchant, '
Et pour le rafraîchir viendra la douce brise,
Et le matin j'irai rêver sur le penchant
De la colline, au son des cloches de l'église.
J'entendrai les oiseaux sans les effaroucher,
Et quand s'avancera l'ombre de la nuit brune
Sur le torrent lascif qui se frotte au rocher
J'irai voir en sillons d'argent jouer la lune.
Nature, oh laisse-moi jouir de tes appas !
Qu'ils puissent s'étaler à mon regard sans voiles,
S'épanouir en fleurs sous chacun de mes pas,
Et planer sur ma tète en brillantes étoiles !
                                   ALFRED AUBEET.