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                            THIERRIAT                        490

était une œuvre malsaine faite pour arriver à la popularité,
en excitant le pauvre contre le riche qui, après tout, faisaitvi-
vrel'artisteen lui achetant ses tableaux. Bonnefond regret-
tait en effet cette œuvre et proposa dela'remplacer au Musée
par un autre tableau, mais l'administration municipale
crut devoir refuser. Thierriat combattait de son mieux
toutes ces critiques du visiteur étranger, et je me souviens
de sa mauvaise humeur, car j'étais témoin de cette confé-
rence qui, malgré mon incompétence, est restée dans ma
mémoire. Un connaisseur a dit de Bonnefond : — « La
« réputation qu'il s'est acquise comme peintre au prix
« d'une force de volonté peu commune, s'unira au souve-
« nir d'un esprit riche en saiilies et d'un entrain inépui-
« sable, mais en se renfermant, avant le déclin de son t a -
« lent, dans le genre portrait, il n'apas donné tout ce que
« faisaient espérer ses premières œuvres : Les Pèlerins et
« ïEau Sainte. »
   Un autre artiste affectionné de Thierriat, c'était D u -
claux (1783-1838) dont Ingres a dit: « De tous les moder-
nes, c'est Duclaux qui dessine le mieux les animaux. »
Elog-e qui, dans la bouche d'un tel maître, donne à Du-
claux une place élevée parmi nos peintres, et justifie l'es-
time que Thierriat faisait de ses Å“uvres. A vingt-deux ans,
il était parti pour Naples en qualité de secrétaire du général
Compère. Mais il en revint bientôt pour rétablir sa santé.
Thierriat, en le voyant reparaître pâle, maigre, éreinté
comme un chat de gouttière, ne put s'empêcher de témoi-
gner son étonnement.— « Cher ami, lui répondit Duclaux.
« dans ce beau pays de Naples où l'homme est exposé à
« la tentation de saint Antoine, j ' a i brûlé la chandelle par
« les deux bouts, je crois que je n'irai pas loin — »
« Tu n'en es pas là, tu as encore de l'étoffe, lui dit
« Thierriat, mets-toi en nourrice dans une laiterie. » Et