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418 LA GUERRE DE MOttÉE celui qui donna si vaillamment sa vie pour une patrie qui n'était pas la sienne. (I) La prise de Sphactérie ne resta pas sans vengeance, Miaulis se chargea de faire expier aux Egyptiens la mort de l'amiral grec et de ses vaillants compagnons. Le 12 mai, il parut devant Modon avec ses brûlots. Là , il vit que la moitié de la flotte était dans le port, l'autre moitié mouillée dans la racle ; à la nuit, six brûlots s'approchèrent et se clouèrent au flanc des navires qui se balançaient insouciants sur la lame , bientôt la flamme jaillit et se r é - pandit terrible, sur les malheureux bâtiments. ' Une belle frégate, deux corvettes, une bagarre et deux bricks d e - vinrent la proie de l'incendie. Pour sauver les équipages, les officiers firent couper les amarres et voulurent se rapprocher de terre ; le vent alors jeta les navires incendiés vers le reste de l'escadre et si malheureusement qu'un grand vaisseau, une frégate et treize bricks prirent feu et sautèrent. Laville était épouvantée.Ce fut pis encore quand des flammèches portées par le vent d'ouest se furent abat- tues sur des maisons qui aussitôt s'enflammèrent. Bientôt le fléau, malgré des efforts inouis, g - ag - nà les magasins de poudre qui éclatèrent ; une partie des maisons s'écroula et un pan des vieilles fortifications fut renversé. La foule poussait des cris de détresse, les femmes fuyaient. C'était à croire que l'infortunée cité était arrivée à sa dernière nuit. (1) Plusheureux qu'un vaillant officierfrançais mort,quelques années plus tard, sur le même ilôt, pendant la campagne de Morée, le comte de Santa-R osa repose encore en paix dans la grotte de Nestor. Le capitaine Mallet a vu son tombeau profané par les Grecs qui ont ou- vert son monument et descellé les pierres qui couvraient ses os, pour arracher le peu de plomb destiné à en consolider les assises.