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                           THIERRIAT                        299

  de la Terreur, les riches demeures de Bellecour saccagées
 et pillées, les meubles précieux, les objets d'art jetés par
 les fenêtres, les belles façades rasées et leurs ruines trans-
 formées en cloaques, les exécutions en masse des Lyon-
 nais, suspects ou convaincus d'avoir pris part à la
 défense de Lyon, puis les réactions et les vengeances
 exercées par les fils des victimes qui poignardaient, en
pleine rue, en plein midi, les dénonciateurs de leurs
parents, tous ces événements, dont les récits de sa mère
et de Françoise ravivaient le souvenir, n'étaient pas
faits pour lui faire -aimer cette époque. Aussi se rap-
pelait-il avec f enthousiasme le passage, à Lyon, du
jeune général qui, à son retour d'Egypte, rétablit l'ordre,
la confiance, la sécurité, et après tant de malheurs, de
catastrophes et de hontes, inaugura une ère de prospé-
rité, de gloire et de grandeur, peut-être unique dans
notre histoire. Il aimait Napoléon Ier. Il éprouvait pour
lui un sentiment d'admiration et de reconnaissance par-
tagé alors par la masse de la population.
   C'était après la Terreur que Thierriat allait à l'école
 chez M. Juge, le brutal pédagogue. Cédant aux larmes
 de l'enfant et aux prières de Françoise , son oncle
le plaça chez son ami, le peintre Alexis Grognard, qui
fut le premier maître de Thierriat.
   Je possède un petit portrait de mon père, à l'âge de
sept ans, peint par son professeur, Alexis Grognard. On
dirait une peinture de Greuze. L'enfanta l'œil éveillé, le
nez fin, la bouche spirituelle ; il tient sous le bras un petit
portefeuille, et semble se diriger chez son nouveau maître
avec autant de joie qu'autrefois de tristesse chez M. Juge.
Sa vocation d'artiste semble se révéler ; et réellement
il n'a jamais été qu'un artiste ; il n'a jamais su et pratiqué
que le dessin et la peinture ; mais son intelligence natu-