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LA GUERRE DE MORÊE 423 Colocotronis et Petracco qui voulurent barrer les passages du Turcbikhora avec une troupe nombreuse d'Armatoles furent dispersés. Petracco et cinq cents Hellènes payèrent de leur vie leur audace. Le 23 juin, Ibrahim et son armée entière qui l'avait rejoint, firent leur entrée dans Tripo- litsa que ses habitants avaient abandonnée et que ses défenseurs avant de fuir avaient livrée aux flammes. Cette ville située dans la partie la plus élevée de la plaine, à 659 mètres au-dessus de la mer, rappelle le sou- venir des trois villes antiques Tégée, Paîlantium et Man- tinée dont les débris ont servi à sa construction. Elle est moderne, riche et commerçante. On trouve à peine aujour- d'hui quelques ruines sur remplacement des trois célèbres cités qui s'élevaient jadis dans son voisinage. • Le prince égyptien, au centre du pays ennemi, voulut organiser sa conquête et d'abord se consolider dans la place que le gouvernement grec en se retirant venait de lui céder. Le 25 juin, il déboucha dans la plaine d'Argos et fondit sur le poste des moulins de Napoli que gardaient trois cents palikares sous les ordres d'Ipsilanti. Puis les jours suivants, dans toute la riche vallée, dont les habi- tants n'avaient pas encore eu le temps d'enlever les mois- sons, il fit couper les récoltes et amena dans les greniers de Tripolitsa d'immenses approvisionnements qui devaient lui permettre de passer l'hiver en toute sécurité. Le 7 juillet, continuant ses courses dans toute la riche et sévère vallée de la Laconie, Ibrahim, qui avait avec lui Sève et le 6e régiment, quelques troupes et un peu de cavalerie, rencontra huit mille Grecs qui se disposaient à lui disputer le passage. Divisés en quatre corps sur quatre petites col- lines qui se soutenaient les unes les autres, ils attendaient pleins de confiance l'approche de l'ennemi et, par le nom- bre comme par la position, se croyaient sûrs de l'avantage.