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491                      THIERRIAT

Duclaux suivit ce conseil et s'en trouva bien, car il a vécu
86 ans. Use logea dans une ferme près de la Tête-d'Or,
au bord du Rhône, où j'allais, tout petit, le voir,dans une
écurie, dessiner, des vaches et des chèvres dont je vois
encore les gros yeux effarés ou mélancoliques.
   Duclaux avait aussi loué une habitation champêtre à
Saint-Rambert ou à Saint-Cyr, où je voyais son neveu,
le petit Bouchacourt, avec son habit de collégien et ses
doigts barbouillés d'encre. Le petit Bouchacourt est devenu
le grand Bouchacourt, l'une de nos illustrations médi-
cales.
   En 1824, Duclaux vendit à la ville la Halte à l'Ile-Barbe
des principaux élèves de Revoil : Trimolet, Genod, Bon-
nefond, monté sur un cheval de bataille et faisant des
armes avec un parapluie, le doux Jacomin, Rey, Rever-
 chon, Legendre-Héral, Thierriat, couché sur le gazon, et
dont la bonté se manifeste en offrant une poignée d'her-
bes à un cheval. Quel beau tableau où je revois tous les
hommes qui m'ont fait sauter sur leurs genoux ! Mais le
premier de tous était pour moi Duclaux. C'est que j'allais
à l'école sur la place de la Comédie, et lorsqu'il me ren-
contrait, il me faisait entrer chez le confiseur Hubaut, à
l'angle du Griffon, et me donnait toujours quelques frian-
dises. Mais un jour, il fut d'une générosité princière.
Avait-il peint quelque beau tableau? Son cœur avait-il
éprouvé quelque bonheur, car c'était un des plus beaux
 cavaliers de Lyon, et certaine belle dame ne le regardait
pas d'un œil indifférent ? II me g-arnit chaque bras
d'une demi douzaine de craquelins, ce qui me donnait
un faux air de jeune page de François I er , et j'entrai
triomphalement à l'école dont tous les élèves prirent part
à la munificence de Duclaux.
  Cinquante ans après, en 1871, on vendait, bien malgré