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LA GUERRE DE MORÉË 413 leurs bras. L'Egypte victorieuse pouvait être fière de son Nizam, le vice-roi de son idée, Soliman de son œuvre, car c'était lui qui avait créé, avec des fellahs, des nègres et des Nubiens ces troupes si solides sous le feu, si ardentes à la baïonnette et dont les Grecs ne pouvaient supporter l'attaque. Un autre triomphe était]réservé à notre brillant colonel, triomphe qui devait le mettre à l'ordre du jour de l'armée, et accroître encore sa réputation si bien établie d'audacieuse bravoure. La rade de Navarin est protégée contre les vents d'ouest par une île étroite, longue, sauvage,dont les batteries com- plètent le système de défense de la ville. L'île de Sphacté- rie a de tout temps joué un rôle important dans l'histoire de la Grèce; les guerres de la Messénie, les guerres de Lacédémone et d'Athènes, rappellent son nom avec éclat. A l'entrée de la rade, au midi, est le nouveau Navarin, sur un promontoire rocheux. La citadelle, construite par les Vénitiens, a une réputation incontestable de force et de solidité. C'est entre les batteries du fort et celles de l'île de Sphactérie qu'il faut passer pour entrer dans la rade. L'autre goulet au nord n'a que deux cents mètres de largeur et son peu de profondeur ne livre passage qu'aux embarcations légères d'un faible tirant d'eau. C'est au nord, au fond de la rade, à une lieue du nou- veau Navarin qu'on trouve le vieux Navarin, Palseo-Ava- rinos, fondé, au sixième siècle de notre ère, par une colo- nie d'Avares qui lui donna won nom. Avant les Avares, les Athéniens avaient construit une citadelle sur d'autres ruines encore plus fameuses, que les voyageurs ne man- quent jamais de visiter. C'est là qu'avait fleuri jadis la célèbre Pylos, la ville du vieux Nestor. A la vue de ces débris sacrés, les vers magiques de l'Iliade et de l'Odys- sée reviennent en foule à l'esprit. C'est là , sur ce rocher,