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                        LES AUDRAN                      459

rard, qui avait dû s'arrêter à Lyon, est appelé à Paris,
nommé graveur ordinaire du roi, logé aux Gobelins et on
lui commande de reproduire les batailles d'Alexandre.
Si Charles Lebrun avait bien travaillé pour le jeune gra-
veur, il a eu aussi une merveilleuse chance : Girard, pro-
tégé par lui, fit ces quatre pages célèbres de 1672 à
1678.
   Le 31 mars 1674, l'académie de peinture et de sculp-
ture l'appela dans son sein et le nomma conseiller ; une
des batailles d'Alexandre, celle d'Arbelles, probablement,
terminée cette année, lui servit de morceau de réception.
A dater de cette époque, on lui confia la plupart des tra-
vaux importants de gravure officielle et c'est grâce à cette
haute et intelligente protection que la France possède
encore un grand nombre de planches de Girard Audran ;
ces planches furent gravées même avec tant de vigueur et
de verve que la chalcographie du Musée du Louvre
peut aujourd'hui encore vendre à des prix très-bas des
épreuves nettes des plus belles estampes de ce maître
et les placer ainsi à la portée de tous les artistes.
   On a vu qu'il avait été logé aux Gobelins dès son re-
tour d'Italie ; mais son caractère, ami avant tout de sa
liberté, ne put supporter une gêne ; Girard quitta ce loge-
ment gratuit après trois ans d'habitation et alla pren-
dre boutique rue Saint-Jacques, Aux deux piliers d'or.
C'est là qu'il mit en vente non seulement ses propres es-
tampes, mais aussi celles de Jean Pesne, d'après Nicolas
Poussin. N'est-ce pas curieux et intéressant à la fois,
comme le dit si bien M. Duplessis, de voir ces deux grands
artistes se prêter un mutuel concours ? Girard Audran
distribue les planches de son ami et digne émule ; Jean
Pesne confie à un rival ses estampes pour en tirer profit.
  Girard Audran publia, en 1683, un traité : Les pro-