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                       SAINT-SAUVEUR                     445

les foires sont encore utiles et subsisteront longtemps.
   Les populations actuelles, ignorantes ou oublieuses, ne
se doutent point que ce sont les moines qui, presque par-
tout en France, ont établi ces concours qui donnaient le
mouvement et la vie à des contrées entières. Le titre re-
produit plus haut est une preuve nouvelle à l'appui de
cette vérité. On ne dira jamais assez tous les services
qu'ont rendus au peuple des campagnes les institutions
monastiques, les bienfaits qu'elles lui ont prodigués sous
toutes les formes, les progrès de toute nature qu'elles lui
ont fait accomplir.
   Les abbayes, tant qu'elles restèrent puissantes, proté-
gèrent énergiquement les cultivateurs. Au xrv 8 siècle, les
Bénédictins de Saint-Allyré-les-Clermont, pour défendre
les habitants de .Nébouzat des incursions des routiers ,
firent élever à l'entour du village une haute et épaisse
muraille dont les ruines cyclopéennes existent encore.
 • Dans le même temps, les vassaux du monastère d'Au-
rillac étaient exonérés, grâce à l'intercession de l'abbé,
des frais de toutes, guerres que le roi pourrait entreprendre
 du côté des Pyrénées. Enfin, sous Louis XIV, l'abbesse
de l'Eclache, en Auvergne, faisait accorder aux habitants
 de la paroisse de Prandines l'exemption de toutes tailles,
 subsides et autres impositions.
  Le peuple a souvent consacré par de miraculeuses l é -
gendes le souvenir des bienfaits de la charité monastique.
Jehan de Montmajour, abbé de Saint-AUyre, en 1542,
avait, pendant une terrible disette, nourri une grande
quantité de pauvres, qui racontaient qu'à la prière du saint
abbé Dieu avait plusieurs fois rempli les greniers vides
de l'abbaye. Lorsque Jehan fut mort, on reproduisit, selon
la coutume, ses armes sur la pierre sépulcrale; mais,
un jour, les moines s'aperçurent que cette sculpture héral-