page suivante »
LA GUERRE DE MOKÉE 41 h pendait le sort des deux cités, mais sa prise était sinon im- possible du moins de la plus haute difficulté, protégé qu'il était par des redoutes bien armées, par les deux citadelles du nord et du midi, et par la flotte embossée dans la rade: un seul homme était capable d'un coup de main pareil. L'armée entière le nomma. Aux acclamations des troupes égyptiennes, Sève, Soli- man-Bey fut chargé d'aller, avec deux bataillons de son beau régiment, enlever l'île fortifiée. Il fallait une folle témérité pour affronter ce péril. Soliman Bey courut au dang-er ; des navires de Modon furent mis à sa disposition. Les bataillons électrisés par leur chef jurèrent que l'ilot leur appartiendrait. A la vue des voiles égyptiennes, les Grecs réunirent leurs efforts. L'élite des assiégés descendit sur l'île : Ma- vrokordatos, Anagnostaras, Tsokris, Sahinis, Stavros s'y rendirent avec quatre cents hommes résolus. L'amiral Tsamados, payant de sa personne, choisit lui-même deux cents marins de son escadre et vint se ranger à leur côté. Un jeune comte piémontais, Santa-Rosa, dont le nom commençait à être connu dans les lettres italiennes et que l'air de la liberté enivrait, se faisait remarquer en pre- mière ligne par sa bonne mine et son audace. Tous avaient fait le sacrifice de leur vie pour la patrie hellé- nique et l'indépendance du pays'grec. Les voiles égyptiennes se rapprochèrent sous le feu de l'ennemi. Embossés devant l'île, et répondant avec viva- cité à l'artillerie des Hellènes, les élégants navires égyp- tiens mirent leurs embarcations à la mer. A onze heures, Soliman-Bey posa le pied sur le rivag-e que protég-eait le feu croisé des forteresses. A l'approche des assaillants, à leur marche sur les récifs du rivage, les canons du vieux et du nouveau Nava-