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                         LA GUKURE DE MORÉE             411

des Turcs ; il se hâta aussitôt de débarquer avec toute son
année. Le sort de la Grèce était changé. ('!)
   Modon, l'antique Pédasus, a des fortifications impor-
tantes. En voyant défiler ses troupes sur la belle place
bâtie par les Vénitiens, Ibrahim oublia les attaques
de Miaulis et consolé il se promit de ne pas différer
l'accomplissement de ses vengeances. Sans laisser à ses
soldats le temps de se reposer des. fatigues de la mer, pen-
dant que les officiers organisaient les campements et les
magasins, il prit lui-même une poig'née de fantassins et
de cavaliers, alla reconnaître les approches de Navarin
et ne rentra dans Modon qu'en ramenant à son armée de
nombreux troupeaux enlevés aux pasteurs grecs.
   Le 2 mars, à la tête d'un corps choisi, et nous pouvons
croire que le Ge régiment ne fut pas oublié, Ibrahim fran- '
chit les montagnes qui séparent Modon de Coron. Les
poétiques vallées de la Messénie, l'Ithôme chanté par
les poètes, durent frémir au passag'e des troupes musul-
manes. Le corps d'armée descendit bientôt les contreforts
noirs et sévères du mont Hagios-Dimitrios et, l'œil brillant
d'enthousiasme, aperçut à l'extrémité d'un promontoire
rocheux, entouré de vastes fortifications crénelées, Coron
qu'assiégeaient les Péloponésiens.
   Sans hésiter, les Egyptiens se jetèrent sur les Grecs,
enlevèrent tous les obstacles et, le troisième jour, purent
communiquer avec la forteresse à travers le camp des
vaincus. Pour prévenir tout retour, ils campèrent pendant
huit jours en avant des remparts que des • partisans fai-
saient encore mine de vouloir insulter. Puis la place
largement ravitaillée, la garnison augmentée, Ibrahim
reprit lé chemin de son quartier général.


  (1) 26 février 1825.