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ses héritiers; mais sa piété lui fit disposer de toute sa for-
tune en faveur du séminaire de Ne vers. Peu après la mort
du cousin, Thiemat reçut la visite d'un monsieur, qui lui
annonça les dispositions testamentaires de son parent. Ce
monsieur lui dit qu'à la rigueur son parent ne lui devait
rien, mais que pour le repos de sa conscience il avait laissé
le directeur du séminaire libre de lui donner une preuve
de bon souvenir, et d'en fixer le chiffre. Il lui offrit qua-
tre cents francs en échange de son adhésion au dit testa-
ment et de celle de sa jeune sœur. Thierriat, âgé d'envi-
ron 24 ans, consulta l'un de ses jeunes amis, M. Deblesson,
je crois, qui devint plus tard l'honorable avoué que
nous avons connu, et celui-ci lui conseilla d'accepter.
Il n'avait ni droit, ni crédit ; plaider c'était la lutte du
pot de terre. Thierriat accepta donc et donna la somme
à sa sœur. Ma tante eut ses quatre cents francs et le
Séminaire de Ne vers ajouta une aile à ses bâtiments.
    Sorti de l'école des beaux-arts, Thiemat, comme Jaco-
min, Bonnefond et Genod, peignit d'abord des bannières
pour les églises ravagées par la Révolution ; notamment,
 pour l'église de Notre-Dame-St-Vincent, une bannière de
la Sainte-Vierge que ma grand'mère me faisait admirer
 dans mon enfance, le jour des processions. Genod et
 Jacomin peignaient avec la plus grande facilité. C'étaient
 les mieux doués de leurs contemporains, mais ils n'avaient
 pas l'énergie de Bonnefond, qui avait le travail difficile
 mais opiniâtre.
    Bonnefond (1796-1860) était fils d'un boulanger de la
 rue de l'Hôpital. Il était animé d'une grande ambition,
 sentiment louable lorsqu'il n'est pas exagéré et qu'il ne
 pousse pas l'homme à vouloir éclipser tout le monde. Par
 allusion à cette ambition, les élèves l'avaient surnommé
 malicieusement : Gloriette, On sait que la gloriette est la