page suivante »
TIUERRIAT 367 ses héritiers; mais sa piété lui fit disposer de toute sa for- tune en faveur du séminaire de Ne vers. Peu après la mort du cousin, Thiemat reçut la visite d'un monsieur, qui lui annonça les dispositions testamentaires de son parent. Ce monsieur lui dit qu'à la rigueur son parent ne lui devait rien, mais que pour le repos de sa conscience il avait laissé le directeur du séminaire libre de lui donner une preuve de bon souvenir, et d'en fixer le chiffre. Il lui offrit qua- tre cents francs en échange de son adhésion au dit testa- ment et de celle de sa jeune sœur. Thierriat, âgé d'envi- ron 24 ans, consulta l'un de ses jeunes amis, M. Deblesson, je crois, qui devint plus tard l'honorable avoué que nous avons connu, et celui-ci lui conseilla d'accepter. Il n'avait ni droit, ni crédit ; plaider c'était la lutte du pot de terre. Thierriat accepta donc et donna la somme à sa sœur. Ma tante eut ses quatre cents francs et le Séminaire de Ne vers ajouta une aile à ses bâtiments. Sorti de l'école des beaux-arts, Thiemat, comme Jaco- min, Bonnefond et Genod, peignit d'abord des bannières pour les églises ravagées par la Révolution ; notamment, pour l'église de Notre-Dame-St-Vincent, une bannière de la Sainte-Vierge que ma grand'mère me faisait admirer dans mon enfance, le jour des processions. Genod et Jacomin peignaient avec la plus grande facilité. C'étaient les mieux doués de leurs contemporains, mais ils n'avaient pas l'énergie de Bonnefond, qui avait le travail difficile mais opiniâtre. Bonnefond (1796-1860) était fils d'un boulanger de la rue de l'Hôpital. Il était animé d'une grande ambition, sentiment louable lorsqu'il n'est pas exagéré et qu'il ne pousse pas l'homme à vouloir éclipser tout le monde. Par allusion à cette ambition, les élèves l'avaient surnommé malicieusement : Gloriette, On sait que la gloriette est la