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368 * THIERRIAT pièce borgne où le boulanger renferme sa pétrière et ses outils. Dans le même temps qu'il faisait des bannières, Thier- riat donnait des leçons particulières dans les premières familles de la noblesse et de la finance ; et comme il était honnête, réservé, bien élevé, il devint le peintre à la mode dans toutes ces familles, et vit sa position modeste s'amé- liorer rapidement. Il était alors l'unique soutien de son vieil oncle Thierriat, de sa vieille domestique Françoise et de sa jeune sœur. A ces trois personnes se joignirent bientôt, dès 1815, sa femme, sa belle-mère et ses deux jeunes fils. Il avait donc avec lui une famille de huit per- sonnes à soutenir par son travail à l'âge de 26 ans, âge où beaucoup d'hommes n'ont encore aucune charge de famille. Cependant ces leçons extérieures, bien que fructueuses, absorbaient tout son temps et l'empêchaient de se livrer à la peinture. Il résolut donc de les abandonner et ouvrit une école particulière pour les jeunes dessinateurs de la Fabrique lyonnaise. Cette école devint en peu de temps florissante, car, dès 1816, Lyon entra dans une phase de prospérité inouïe. La jeune Amérique vint faire à Lyon pendant de longues années, des commandes considérables d'étoffes de soie. Ces étoffes se couvraient d'ornements et de fleurs dus au talent de nos dessinateurs dont le nombre devint insuffisant, et dont les productions étaient facilitées par la découverte de la Jacquard. Notre école gratuite des Beaux-Arts se remplit d'élèves qui, le soir, venaient compléter leur enseignement dans la classe particulière de Thierriat. C'est aussi dès sa sortie de l'Ecole que commencent pour lui ces excursions dans la campagne en compagnie de Duclaux, de Trimolet, de Genod, de Jacomin, de